La France compte 1800000 km de sentiers de randonnées avec une grande diversité de paysages. C’est un véritable  paradis pour les randonneurs. Des sommets alpins aux côtes sauvages, en passant par les forêts mystérieuses et les cités historiques, chaque pas est une découverte. Mais au-delà des sentiers les plus connus, il existe des pépites, des défis, des histoires qui rendent certaines randonnées véritablement inoubliables. Préparez vos chaussures, votre sac à dos, et laissez-nous vous guider vers cinq expériences uniques.

1. La randonnée la plus haute : L’ascension de la Grande Sassière (Tarentaise, Savoie)

Si l’ascension du Mont Blanc est réservée aux alpinistes aguerris, la Grande Sassière (3747 m), est le plus haut sommet de Tarentaise, accessible aux randonneurs expérimentés sans matériel d’alpinisme (hors conditions très spécifiques). Moins médiatisée que ses illustres voisines, elle offre une expérience de haute montagne exceptionnelle avec des panoramas à couper le souffle. Mais elle se mérite. Il faut gravir 1500 mètres de dénivelé positif et redescendre par le même itinéraire, soit une journée à 3000 mètres !

Comment s’y rendre :

Le point de départ classique se situe au parking du Barrage du Saut, accessible depuis Tignes (Val Claret), après avoir passé le hameau du Saut. En été, une navette peut parfois desservir le point de départ depuis Tignes, mais il est souvent préférable de s’y rendre en voiture.

Difficultés à prendre en compte :

• Altitude et mal des montagnes : L’ascension est longue et le dénivelé important. Une bonne acclimatation est essentielle. Ne sous-estimez jamais les effets de l’altitude.
• Conditions météorologiques : La météo en haute montagne peut changer très rapidement. Brouillard, neige (même en été), et orages sont fréquents. Vérifiez les prévisions météo avant de partir et soyez prêt à faire demi-tour.
• Névés : Même en plein été, des névés (plaques de neige durcie) peuvent persister, notamment dans les parties supérieures. Crampons légers et piolet peuvent être nécessaires si vous n’êtes pas à l’aise sur neige. Renseignez-vous localement sur l’état du sentier.
• Sentier : Le sentier n’est pas balisé de façon classique en continu et demande un bon sens de l’orientation, surtout dans les éboulis finaux.

Points d’intérêts :

• Vue panoramique : Au sommet, la vue à 360° sur les massifs de la Vanoise, du Mont Blanc, du Grand Paradis et de la Lauzière est absolument époustouflante. Vous aurez l’impression de toucher les cieux.
• Faune : Avec un peu de chance, vous pourrez observer des bouquetins, chamois et marmottes.
• Lac du Saut et lac de la Sassière : Des lacs d’altitude aux couleurs intenses, parfaits pour une pause rafraîchissante avant l’ascension finale.
• L’effort et la récompense : C’est une randonnée qui demande un véritable effort physique et mental, mais la satisfaction d’atteindre ce sommet moins fréquenté est immense.

Le saviez-vous ? Beaucoup de guides mentionnent la voie normale par le sud. Saviez-vous qu’une variante plus « sauvage » par l’arête nord-ouest (nécessitant des passages d’escalade facile, mais exposés) existe pour les plus aventureux ? Elle offre une perspective différente et encore plus isolée du sommet. 

2. La randonnée la plus longue : Le sentier des Douaniers (GR®34, Bretagne)

Pourquoi est-elle remarquable ? Avec ses plus de 2 000 km, le GR®34, ou sentier des Douaniers, est la plus longue randonnée de France. Il longe l’intégralité du littoral breton, offrant une diversité de paysages maritimes inégalée : falaises abruptes, plages de sable fin, criques secrètes, ports pittoresques et landes sauvages. C’est une immersion totale dans l’âme de la Bretagne.

Comment s’y rendre :

Le GR®34 est accessible depuis d’innombrables points le long de la côte bretonne. Vous pouvez commencer à n’importe quelle ville côtière majeure (Saint-Malo, Roscoff, Brest, Quimper, Vannes, etc.) et marcher dans la direction de votre choix.

Transports : Le réseau de transports en commun breton (TER BreizhGo) dessert de nombreuses villes côtières, facilitant l’accès aux points de départ et de retour.

Difficultés à prendre en compte :

• Longueur : Évidemment, la distance est le principal défi. Il est rare de le parcourir en entier ; la plupart des randonneurs choisissent des sections.
• Météo : La Bretagne est connue pour ses changements de temps rapides. Attendez-vous à du vent, de la pluie, mais aussi à de magnifiques éclaircies.
• Dénivelé : Bien que ce ne soit pas de la haute montagne, le sentier est loin d’être plat, avec de nombreuses montées et descentes le long des falaises.

Points d’intérêts :

Les centres d’intérêts peuvent être nombreux sur ce sentier, riche en histoire, en géologie et aux paysages remarquables :

• Phénomènes naturels : Le Sillon de Talbert, la Côte de Granit Rose, la Pointe du Raz.
• Patrimoine maritime : Phares emblématiques (Phare de Ploumanac’h, Phare du Cap Fréhel), villages de pêcheurs, ports ostréicoles.
• Histoire : Vestiges de blockhaus, forts et batteries côtières datant de différentes époques.

Le saviez vous ? Le Sentier des Douaniers a été créé au XVIIIe siècle pour surveiller le trafic maritime et lutter contre la contrebande ? Les douaniers patrouillaient ces sentiers jour et nuit. Aujourd’hui, on peut encore trouver des postes de surveillance et des abris de douaniers réaménagés en gîtes ou points d’information, offrant une immersion tangible dans cette histoire. Certains tronçons particulièrement isolés vous donneront l’impression de marcher sur les traces de ces sentinelles du passé, avec seulement le vent et les mouettes pour compagnons.

3. La randonnée la plus historique : Le chemin de Stevenson (GR®70, Massif Central)

Pourquoi il est remarquable : Suivre le GR®70, c’est marcher sur les pas de Robert Louis Stevenson. En 1878, l’auteur écossais entreprend une traversée des Cévennes avec son ânesse Modestine. Ce voyage, immortalisé dans « Voyage avec un âne dans les Cévennes », est une immersion profonde dans une région à l’histoire tourmentée, marquée par les Guerres de Religion et la résistance des camisards. Entre Auvergne et Languedoc-Roussillon, le chemin de Stevenson relie le sud du Massif Central aux Cévennes profondes sur 270 kilomètres environ et 11 étapes principales.

Comment s’y rendre :

Départ : Le Puy-en-Velay (Haute-Loire). La destination est accessible en train ou en voiture.

Arrivée : Alès (Gard) ou St-Jean-du-Gard. Elle est également accessible en train ou en bus.

Difficultés à prendre en compte :

• Logistique : Le chemin traverse de nombreuses zones rurales. La planification des hébergements devient essentielle, surtout si vous voyagez avec un âne.
• Météo : Le Massif Central peut présenter des variations de température importantes entre le jour et la nuit, et des orages estivaux.
• Variantes : il est possible de mixer plusieurs activités comme VTT, canoë et marche à pied, mais attention au casse tête logistique.

Points d’intérêts :

• Paysages : Les volcans d’Auvergne, les plateaux de la Margeride, les forêts de pins des Cévennes, les vallées du Gardon. Les beautés des paysages ne manquant pas pour enchanter le randonneur
• Villages de caractère : Le Monastier-sur-Gazeille, Florac, Le Pont de Montvert, qui ont tous joué un rôle dans l’histoire de Stevenson.
• Patrimoine Camisard : Des panneaux explicatifs le long du chemin vous plongent dans l’histoire des protestants des Cévennes.

Le détail qui change tout :

Ce qui rend le Chemin de Stevenson si unique, c’est l’opportunité de revivre un récit littéraire historique et un film récent « Antoinette dans les Cévennes ». De nombreux gîtes et refuges le long du parcours sont tenus par des passionnés qui partagent anecdotes et extraits du livre. Mais saviez-vous que Stevenson n’a pas seulement voyagé avec un âne par choix de pittoresque ? C’était aussi un moyen pragmatique de transporter son équipement à une époque où les infrastructures de transport étaient rares dans cette région reculée. Et pour les puristes, il est même possible de louer un âne pour l’accompagner sur une partie ou la totalité du parcours !

4. La randonnée la plus urbaine : La traversée de Paris à pied

Loin des montagnes et des forêts, Paris offre une expérience de randonnée urbaine étonnante et souvent sous-estimée. La « Traversée de Paris » peut être personnalisée à l’infini, mais une option fascinante est de parcourir la ville du Bois de Boulogne au Bois de Vincennes, ou de suivre les berges de la Seine et les passages couverts.

Comment s’y rendre :

 Paris est accessible par tous les moyens de transport. Les points de départ (par exemple, Porte Dauphine pour le Bois de Boulogne ou Château de Vincennes pour le Bois de Vincennes) sont desservis par le métro ou le RER.

Difficultés à prendre en compte :

• Piétons et trafic : Naviguer dans une ville dense demande de l’attention aux autres piétons, cyclistes et au trafic automobile.
• Chaussures : Des chaussures confortables et adaptées au bitume sont essentielles pour éviter les ampoules.
• Distances : Bien que plate, une traversée de Paris peut représenter plusieurs dizaines de kilomètres, exigeant une bonne endurance.
• Orientation : Même avec une carte ou un smartphone, l’orientation dans un dédale de rues peut être un défi agréable.

Points d’intérêts :

• Monuments emblématiques : tour Eiffel, Louvre, Notre-Dame, Arc de Triomphe… chaque quartier regorge de trésors architecturaux.
• Quartiers typiques : Marais, Saint-Germain-des-Prés, Montmartre… Découvrez l’ambiance unique de chaque arrondissement.
• Parcs et jardins : Jardins des Tuileries, Jardin du Luxembourg, Parc Monceau… Des havres de paix au cœur de la ville.
• Vie parisienne : Observez la vie des Parisiens, flânez dans les marchés, découvrez des cafés cachés. fréquenté est immense.

Astuces : Plutôt que de suivre les grands boulevards, privilégiez les passages couverts de Paris (Galerie Vivienne, Passage des Panoramas, Galerie Véro-Dodat). Ces pépites architecturales du XIXe siècle offrent un voyage dans le temps, à l’abri et avec une atmosphère unique, et sont souvent ignorées des itinéraires classiques.

5. La randonnée la plus dure : Le GR 20, la traversée de la Corse

Le GR 20, qui traverse la Corse du nord au sud (ou inversement), est unanimement reconnu comme l’un des sentiers de grande randonnée les plus difficiles d’Europe. Avec ses 180 kilomètres, un dénivelé cumulé de plus de 10 000 mètres, et un terrain très exigeant, il est réservé aux randonneurs très expérimentés et préparés. Un itinéraire du sud vers le nord est fortement conseillé car nettement plus progressif.

Comment s’y rendre/

Le départ se fait généralement de Calenzana (Nord) ou de Conca (Sud). Calenzana est accessible depuis Calvi (aéroport, port) en taxi ou bus. Conca est atteignable depuis Porto-Vecchio ou Bastia.

Difficultés à prendre en compte :

• Terrain extrême : Le GR 20 alterne entre des passages très rocailleux, des dalles lisses, des crêtes exposées, des pierriers, des passages escarpés et des sections parfois équipées de chaînes. Ces passages sont généralement courts, ou la pose de mains est nécessaire pour les franchir.
• Dénivelé et longueur des étapes : Les étapes sont longues, souvent avec de forts dénivelés positifs et négatifs. La fatigue s’accumule rapidement.
• Conditions météorologiques : La météo en Corse est imprévisible. Températures élevées en été, orages violents, brouillard dense sur les crêtes peuvent transformer une étape en véritable épreuve.
• Eau : Les sources d’eau ne sont pas toujours abondantes, surtout en fin d’été. Il faut prévoir de transporter des quantités suffisantes.
• Logistique : Les refuges sont des points de ravitaillement et de nuitée, mais les places sont limitées. La réservation est fortement recommandée. Le bivouac est autorisé uniquement à proximité des refuges.

Points d’intérêts :

• Paysages grandioses : Des aiguilles de Bavella aux lacs glaciaires, en passant par les forêts de pins lariccio et les crêtes vertigineuses, la Corse offre des panoramas à couper le souffle.
• Baignades rafraichissantes : plusieurs vasques naturelles et piscines naturelles jalonnent le parcours, idéales pour se rafraîchir après l’effort. Attention, certains refuges utilisent l’eau des lacs et des cours d’eau. En cas de baignade, veillez à ne pas utiliser de crème solaire, de détérgent ou de savon.
• Refuges et bergeries : L’ambiance conviviale des refuges et l’authenticité des bergeries (où l’on peut déguster des fromages locaux) sont des moments clés du GR 20.
• Sentiment d’accomplissement : Aller au bout du GR 20 est un accomplissement majeur, une aventure qui marque à vie.

Un petit plus : Si le GR 20 est souvent présenté comme un chemin linéaire, il existe de nombreuses « variantes alpines » non balisées par le Parc Naturel Régional de Corse ? Ces itinéraires sont encore plus exigeants techniquement et physiquement, mais offrent des passages et des vues que peu de randonneurs voient, comme la traversée des Aiguilles de Popolasca.

En résumé

Que vous recherchiez le défi physique, l’immersion culturelle, ou simplement une bouffée d’air frais, la France regorge de sentiers pour toutes vos envies. Ces cinq randonnées, chacune à leur manière, offrent une expérience unique et mémorable. Cependant, il en a encore beaucoup à découvrir. Alors, quelle sera votre prochaine aventure ?